Ces vélos dangereux à Paris - sécurité et accidents

Article publié le 13/04/2022

 

Pourquoi les cyclistes parisiens grillent-ils si souvent les feux? Pourquoi refusent-ils souvent la priorité aux piétons? 

 

On ne saurait transposer le "dutch way of life" à Paris en faisant fi des réflexes de sa population. Le caractère parisien, globalement agressif du fait de la violence ambiante, s'avère peu adapté à une politique du tout-vélo dans les rues de la ville. C'est un fait. On le constate à chaque carrefour, lorsque l'on est piéton : dès que le "petit bonhomme vert" apparaît et que l'on s'engage tranquillement sur le passage piéton, il n'est pas rare de voir débouler un vélo-obus qui vous force le passage et manque de vous percuter. Lancé à pleine allure tel une pile d'acier trempé, il refuse de s'arrêter, escomptant votre instinct de survie... 

 

Ce calcul subliminal est d'une parfaite monstruosité, fort peu avouée, mais tellement constatable... Désormais, les personnes âgées réfléchissent à deux fois avant de mettre leur pied dehors. Sans compter les mal-nommées "trotinettes" zigzaguant sur les trottoirs à pleine allure, les récents aménagements de voirie rendent particulièrement dangereuse la flânerie dans Paris. A Nation ou à Bastille, par exemple, des sortes de zones intermédiaires pour piétons et vélos rendent la circulation très risquée pour les marcheurs. Il faut désormais regarder en tous sens lorsque l'on traverse (et plus seulement à droite ET à gauche). Le tintement insistant des sonneries de vélo, alors que vous traversez tranquillement un passage piéton, est particulièrement redoutable. Une journaliste du New York Times a récemment alerté sur les nouveaux dangers de la circulation piétonne à Paris. Le mot "anarchie" a été utilisé, ce qui devrait enfin nous faire réfléchir. 

 

Le cycliste n'a qu'une hantise : mettre le pied à terre. Il lui faut rouler sans interruption, pédaler sans relâche jusqu'à la fin des temps, ou bien c'est la défaite. Un véritable crêve-coeur de constater cette perte de sens civique, que les intéressés auront beau jeu de contester avec fracas. De fait, ils crieront à l'injustice, que les véritables personnes en danger c'est eux, qu'on ne s'imagine pas de l'incivisme des conducteurs de voitures, des piétons, etc... Et puis, il criera naturellement à la généralisation. Erreur : montrer une tendance, ce n'est pas généraliser. Dire "les" plutôt que "des" n'est pas illégitime, lorsque le phénomène a la proportion d'une tendance forte observable par tout le monde. La nuance est nécessaire, mais dans un second temps.

 

Soit, effectivement, il y a de ces piétons suicidaires qui s'amusent à traverser n'importe où sans crier gare, et les cyclistes sont eux-mêmes souvent en danger pour diverses raisons qui leur sont parfois imputables : lien intéressant. Mais il faut reconnaître que désormais, ce sont les cyclistes qui font peur dans la rue. A force de ne plus s'arrêter aux feux, ils contribuent à donner l'impression que le code de la route est optionnel... ils le relativisent et lui font perdre de sa force. Les plus grands floués, en vérité, ce sont sans doute les cyclistes vraiment civilisés qui respectent bien les usages de la courtoisie. Je me souviendrai longtemps de cet homme à vélo qui, dans une rue de Versailles, grilla d'une demi-seconde le feu alors que je m'apprêtais à traverser. Il s'arrêta net alors, recula derrière le feu en s'excusant gentiment. Ce fut un grand moment.

 

Il reste pourtant de nombreuses voix (souvent institutionnelles) pour nier l'évidence des faits. 

 

Autres articles

 

Faire écrire les mémoires d'un proche

 

 

P-A B