Défense de la psychanalyse. Cas, doutes et méthodes - Freud, Anzieu

Article publié le 10/06/2018

« La psychanalyse nous propose un pèlerinage aux sources mais en passant par les égouts » (Gilbert Cesbron, 1978)


La psychanalyse a toujours dérangé. Depuis sa naissance, scepticisme et procès en tous genres n’ont cessé de pleuvoir à son encontre. Souvent exagérés, voire absurdes, mais parfois aussi légitimes, les reproches adressés à la discipline offrent aux disciples de Freud et de Lacan l’occasion de l’introspection permanente ; le doute cartésien, appliqué aux procédures usuelles de la psychanalyse, rien de plus légitime. Encore faut-il l’employer dans un cadre procédural et non polémique (ce qui invalide la démarche à la racine).


Comment manier le doute de manière scientifique lorsqu’on l’applique à la psychanalyse ?


-Premier axe : multiplier les questionnements autour des énoncés psychanalytiques afin de les mettre en perspective, de tester leur solidité. Le questionnement plutôt que la charge réfutatrice sauvage, par nature imprécise et non constructive.


Exemple : questionner la validité des approches freudiennes de la sexualité en exposant des cas de figure originaux qui collent mal avec la "jurisprudence" théorique traditionnelle exposée dans les manuels. 


-Deuxième axe : confronter, sur une même question, les approches divergentes de certains psychanalystes. Remonter alors à la racine du problème en testant les concepts labellisés de la psychanalyse.


-Troisième axe : détacher Freud de son piédestal tout en assimilant son œuvre. Incontournable, elle doit être mise en perspective, puis dépassée. Par exemple, la question de la surinterprétation sexualisante du maître doit être interrogée sereinement par les nouvelles générations de psychanalystes.


« Devenir psychanalyste, c’est comme Freud découvrir la psychanalyse pour son propre compte personnel. Puisqu’il en a fait la découverte le premier, c’est donc par un certain aspect recommencer son cheminement en s’identifiant à lui et en assimilant sa théorie et sa technique. C’est en même temps et contradictoirement, l’acceptant comme origine et le récusant pour maître, chercher ce qui reste à découvrir dans le domaine des processus inconscients, normaux et pathologiques, individuels et collectifs » (Didier Anzieu, Psychanalyser)


Texte intéressant :


Les pièges de l’antipsychiatrie, de Michel Laferrière (1977). Disponible sur erudit.org (lire le texte)