« Quand un homme et une femme se marient, ils ne font plus qu’un. Reste à savoir lequel » (G. Elgozy, L’Esprit des mots)

« Tous les maris sont laids » (Montesquieu, Mes pensées)

« Le mariage, depuis le moment où il est conclu et scellé, est une chose à faire, non une chose faite » (Alain, Connaissance de l’amour »

« Le mariage multiplie par deux les obligations familiales et toutes les corvées sociales » (Simone de Beauvoir, La force de l’âge)

« Le mariage est trop décrié pour n’avoir pas beaucoup de bon » (Jean Rostand, Pages d’un moraliste)

Le discours de mariage est un exercice délicat. Se permettre quelques citations issues de la littérature ou de la philosophie paraît judicieux. Mais gare ! Sachez que nombre d’entre elles raisonneront douteusement devant les oreilles chastes de l’assemblée endimanchée : les hommes de lettre français se sont souvent sentis obligés d’évoquer le mariage avec raillerie, voire aigreur, en ne lésinant pas sur les allusions à l’ennui, à l’amant, à la tromperie…

Veillez donc, cher lecteur, à ne pas gâcher la fête par un bon mot à double sens que vous auriez choisi trop vite. Dans l’enthousiasme, on se trompe deux fois plus vite et on tombe quatre fois plus bas. Gare donc ! Gare !

Quelques éléments de réflexion sur le mariage

Dans la patrie de Tartuffe et des petits marquis, on est souvent sceptique sur l’institution du mariage, sur sa viabilité à long terme. On croit trop vite savoir que la passion des premiers temps se transformera en ennui, que l’ombre de l’adultère s’épaissira sur le couple au fil des ans. Ces réflexions paresseuses sont plus naïves qu’il n’y paraît. Elles reposent sur la statistique et la médiocrité du cœur humain médian, que l’on suppose conforme à celui des mariés du jour.

En clair, c’est aborder le mariage sous un aspect purement statique. Or le mariage est une question de volonté commune, un défi, une véritable épopée. Il peut être une merveilleuse réussite si les époux s’engagent au sens philosophique du terme. Tout relève de ce terme, l’engagement, et de la force qu’on est capable d’y mettre.

Le mariage est un défi contre la fatalité, un match entre l’amour et la désillusion. Les époux doivent l’aborder ainsi, avec une gravité que la fête suivant la cérémonie ne reflète aucunement. Par le mariage, l’homme et la femme évaluent leur valeur au monde. On dit trop facilement que l’on ne peut pas tout, que l’autre peut être la cause du naufrage. Oui certes, mais c’est vite dit : en se mariant, on choisit de former un couple, une entité. Si elle sombre, que ce soit d’un côté ou de l’autre, c’est bien l’entité elle-même qui est en cause.

Le meilleur moyen de sombrer dans l’ennui, dans un couple, c’est le fait de démystifier l’autre, de le désacraliser, de vulgariser les rapports. Il faut veiller à entretenir une part d’inaccessibilité pour l’autre, afin de conserver la frêle distance sans laquelle on ne se voit plus que la peau. 

Pour aller plus loin

Le mariage raté. La mariée en colère

mariages.net