De nos jours, la mémoire des familles est bouleversée par les évolutions sociétales (ruptures intergénérationnelles, divorces, appauvrissement des échanges, isolement numérique…). Il en résulte une perte d’identité latente, profonde, qui affecte beaucoup de jeunes personnes.

Comment prévenir la dilution du souvenir, de ce qui fait sens, dans le grand magma quotidien ? Depuis quelques années, le marché des biographies de famille se développe. Celui-ci n’est pas encore clairement structuré : vous pouvez tomber sur un charlatan comme sur un prestataire honnête et parfaitement professionnel. Il s’agit donc d’être vigilant et de bien vous renseigner auprès du biographe que vous allez solliciter :

-Quels sont ses tarifs ? Ces derniers sont-ils cohérents par rapport à la prestation souhaitée ?

-A combien de temps remonte son exercice professionnel ? Le métier de biographe exige une solide expérience, doublée de qualités d’écriture évidentes.

-Le biographe est-il en mesure de vous présenter quelques ouvrages préalablement constitués ? Feuilletez, observez la qualité du style, la qualité graphique…

-Comment les entretiens sont donc censés se dérouler ? Posez toutes sortes de questions au biographe afin de vérifier son sérieux. S’il est trop hésitant, si ses réponses sont un peu dilatoires, petite alerte (pas de panique, monsieur est peut-être simplement mal à l’aise à l’oral. Un syndrome observable chez de nombreux écrivains : Modiano, Houellebecq…).

-Observez la tenue du biographe, le soin qu’il prend à s’exprimer devant vous… N’hésitez pas à l’observer des pieds à la tête, même si cela ne sera pas en soi très concluant. Vous devez vous faire une impression générale, qui dépasse bien entendu les détails vestimentaires ou hygiéniques, mais ne négligez rien cependant.

-Bien entendu, demandez le montant de l’acompte qui vous sera exigé, et fixez un délai pour la réception de la biographie. Attention ! Il est normal que ce délai ne soit pas forcément millimétré, car l’évolution du travail dépendra aussi de vous : votre fatigue, votre mémoire…

-Exigez un contrat signé, naturellement!

Faire écrire son histoire n’est pas un projet anodin : il s’agit de faire acte de patrimoine, de durée concrète. L’accumulation de vos expériences quant à la souffrance, l’amour, la politique, le bonheur, le malheur : tout cela constituera votre témoignage de vie, un témoignage qui se perd généralement dans l’oubli, à moins que vous ne le fassiez écrire.

Une cinquantaine de pages bien denses peuvent souvent suffire : une bonne biographie, c’est une biographie sans gras inutile, bien rédigée, qui va à l’essentiel. Comme le disait Voltaire, le secret d’ennuyer c’est de tout dire. Soyez donc concis. Votre biographe, s’il est un bon professionnel, saura vous guider lors de vos entretiens ; il vous posera les questions pertinentes et mettra de l’ordre dans l’écheveau de vos souvenirs.

Réfléchissez cependant, au préalable, à quelques anecdotes plaisantes, de celles qui aideront à fluidifier le récit de votre vie. Faites confiance à votre mémoire, certes, mais comptez aussi sur votre aptitude à faire la part des choses : n’hésitez pas à faire le point sur tel ou tel chapitre de votre vie, faites acte de réflexion. Cela éclairera considérablement le récit que vous offrirez à votre entourage.
Si vous souhaitez faire éditer votre biographie dans le commerce, misez sur l’aspect "témoignage". Votre biographe, une fois le récit constitué (et bien expurgé des développements trop privatifs), pourra l’envoyer à certains éditeurs sous forme de manuscrit.

Un biographe sérieux : Pierre-André Bizien