Françoise Dolto, psychanalyse et religion. Une foi sans tabou - citations

Article publié le 23/06/2018

Une large proportion de psychanalystes considère la religion à l’instar du philosophe Alain, avec une pointe de scepticisme :


"La religion est comme les contes. Les contes ont un grand sens, mais personne ne demande s'ils sont vrais" (Alain, Les propos sur la religion, 21 novembre 1938)


D’autres, qui ne se contentent pas d’une telle facilité, pensent que la religion constitue plus ou moins « un surmoi de prothèse pour l'humanité », selon le mot de Fethi Benslama. Combien de psychologues ou de psychanalystes vont au-delà de ces deux approches ? Une vaste enquête au sein de la profession serait bienvenue pour nous éclairer. Ce qui est certain, c’est que quelques surprises peuvent nous sauter aux yeux, a posteriori.


Françoise Dolto, que l’on célèbre mécaniquement pour ses apports théoriques sur la psychologie des enfants, a émis des considérations sur la religion qui mériteraient davantage d’attention.  En effet, nous vivons une époque inondée par la question corrosive du sacré, et la voix de Françoise Dolto, inattendue sur ce plan, offre matière à réflexion.


Assumant pleinement sa foi, elle n’hésite pas à évoquer son rapport personnel à Dieu, à Jésus, au christianisme, avec un ton ouvert et guilleret, loin de la réserve protocolaire du milieu psychanalytique.


« Pour moi comme pour les évangélistes, Jésus est Dieu parlant et agissant à travers cet homme en qui Dieu est conjoint » (Françoise Dolto, La foi au risque de la psychanalyse)

 

« La foi pour moi est foi en Jésus-Christ » (Françoise Dolto, La foi au risque de la psychanalyse)


Cette profession de foi, claire et sans jargon, peut surprendre de nos jours. Elle entre en contradiction avec une certaine décence intellectuelle, que d’aucuns désigneraient "neutralité axiologique".


Françoise Dolto, ne s’arrête pas là. Elle offre, expose à ses lecteurs une exaltation spirituelle qui jure avec les représentations usuelles du langage savant :


« Le texte des Evangiles n’a jamais fini de nous apporter du nouveau. Il est inépuisable, ce texte ! » (Françoise Dolto, La foi au risque de la psychanalyse)


« Dieu, pour moi, c’est l’inconnu de ma soif » (Françoise Dolto, La foi au risque de la psychanalyse)


Que conclure de telles citations ? Françoise Dolto était une psychanalyste brillante et subtile qui pouvait, par ailleurs, parler de religion de manière tout à fait légère et transparente. Il semblerait que de nos jours, une telle capacité soit hors d’atteinte chez nombre d’intellectuels croyants. Au-delà des questions de terrorisme, nous percevons que le malaise de la violence religieuse a des racines  dans ce périmètre… Les savants d’aujourd’hui ne savent plus vraiment énoncer leur espérance en termes clairs ; un profond travail collectif sur ce point rendrait service à l’avenir.


« Le spirituel dans un être humain se perçoit par une qualité de joie » (Françoise Dolto, La foi au risque de la psychanalyse)