Origines ethniques des Bretons, généalogie - les yeux bridés bigoudens?

Article publié le 18/05/2018

Depuis des siècles, on s’étonne de l’aspect physique de certains Bretons du sud. Les bigoudens, chaînon anthropologique singulier de l’Armorique, ont-ils des origines asiatiques ? C’est la question à mille francs, qui éveille autant d'interrogations légitimes que de fantasmes. Sur quoi se base la théorie de l’origine extra-européenne de ces Bretons, sur quel mystère généalogique se fonde cette impressionnante hypothèse ?


On a longtemps parlé d’une origine mongole expliquant les yeux bridés (ou plutôt en amande) de nombreux Bretons bigoudens. L’enclavement géographique local (jusqu’au milieu du XXe siècle, les routes reliant la Bretagne au reste de l’Hexagone sont très mauvaises) expliquerait une forte endogamie et, dès lors, le renforcement de certains traits génétiques anciens résultant d’apports migratoires particuliers.


Cette hypothèse pose schématiquement la possibilité suivante : dans un premier temps, des caractères ethniques eurasiatiques s’insèrent en Gaule à dose faible, suite à des invasions ;


-Les Huns d’Attila, originaires d’Asie centrale sont actifs en Gaule au milieu du Ve siècle et y ont laissé du patrimoine génétique ; leur profil mongoloïde métissé d’apports germaniques et goths a été établi par l’archéologie.


-Les soldats romains, quelques siècles et décennies plus tôt, ont été présents jusqu’au Finistère breton. Leur profil racial était diversifié (méditerranéen, oriental, germanique). Certaines figurines de divinités égyptiennes ont été retrouvées en Bretagne.


-Autres invasions ultérieures.


Dans un second temps, les caractères ethniques eurasiatiques présents en Gaule se dissolvent puis disparaissent dans le sang celte et méditerranéen ; seules quelques zones comme la Bretagne enclavée conservent alors les caractères génétiques en question, qui "surnagent" en autarcie jusqu’au XXIe siècle (cas apparenté : les Jarawa, ethniquement africains subsahariens, transplantés depuis des siècles sur les îles Andaman au sud de la Birmanie asiatique).


Cette hypothèse expliquerait les yeux "bridés" et certains caractères morphologiques propres aux Bretons bigoudens. On distingue les ethnologues ayant postulé une origine mongole et ceux qui se réfèrent à une origine lapone (ou du moins sami, présentant un autre critère de crédibilité : il s’agit d’un groupe ethnique plus ou moins "bridé" ET provenant du grand nord de l’Europe, ce qui "collerait" un peu avec le déluge invasif celte en Bretagne)

 

La science cacophonique autour des yeux "bridés" bretons

 


Un certain nombre d’anthropologues se sont disputés sur la question des yeux "bridés" bretons. On a pu lire beaucoup de fantaisie, d’onirisme exotisant, mais aussi d’intéressantes remarques culturelles. Parmi les contributeurs savants à la polémique, nous évoquerons simplement Mahé de la Bourdonnais.


Au XIXe siècle, cet auteur enthousiaste présente un très étonnant ouvrage intitulé "Voyage en basse-Bretagne chez les "bigouden" de Pont-L’Abbé" ; s’appuyant sur mille arguties, il se propose d’exposer les liens du groupe breton avec les lapons, les mongols, les bouriates, les ladakis, les peuples d’Himalaya… rien que cela.


Mahé de la Bourdonnais y écrit tout de go : « Je fus bien surpris d’y trouver la grande différence des caractères tant physiques que moraux entre les Bretons du nord et ceux du sud de la Bretagne, et ce qui me surprit bien plus, après quelque temps de séjour à Quimper, c’était de trouver la grande ressemblance qui existait entre les Bigouden ou habitants de Pont-L’Abbé avec les Ladakis, les Bouthanis, les Thibétains, et les Chans de l’Indo-Chine, en somme avec les tribus bien connues de la famille thibétaine et celles de la race mongole »


Ou encore, ce développement expéditif : « Le caractère général des Bretons se compose de cinq vertus et de trois vices. Les vertus sont : l’amour du pays, la résignation devant Dieu, la loyauté devant les hommes, la persévérance et l’hospitalité. (…) Les vices des Bretons sont, chez beaucoup, l’avarice ; chez d’autres le mépris de la femme et l’ivrognerie »


De nos jours, il convient de s’appuyer sur les progrès de l’ADN et de la génétique pour poursuivre ce débat à la fois drôle, fantaisiste et passionnant. Ce qui est avéré, c'est que les Français d'origine bretonne se singularisent par la forte proportion de sang celte - d'origine britannique et irlandais - qui coule dans leurs veines.