Rousseau, l'école et l'éducation - comment élever un enfant. Quelques citations, L'Emile

Article publié le 11/10/2018

Rousseau n’est pas le père Jean-foutre de l’éducation laxiste que l’on imagine souvent. Son œuvre "L’Emile" est autrement plus subtile qu’un vade-mecum libertaire et rêveur. Ceci, de nombreux extraits de son œuvre l’attestent :


« La véritable éducation consiste moins en préceptes qu'en exercices » (Rousseau, L’Emile)


« Qu'y a-t-il donc de plus choquant, de plus contraire à l'ordre, que de voir un enfant impérieux et mutin commander à tout ce qui l'entoure et prendre impudemment le ton de maître avec ceux qui n'ont qu'à l'abandonner pour le faire périr  ? » (Rousseau, L’Emile)

 

Par ailleurs, tenus de nos jours, certains de ses développements paraîtraient furieusement sexistes, et feraient les choux gras du volatile Twitter :


« La première éducation est celle qui importe le plus, et cette première éducation appartient incontestablement aux femmes - si l'Auteur de la nature eût voulu qu'elle appartînt aux hommes, il leur eût donné du lait pour nourrir les enfants » (Rousseau, L’Emile)

 

Nos catégories de sensibilité idéologique actuelles ne collent pas avec sa prose, et c’est tant mieux. Les théories éducatives de Rousseau ne s’insèrent pas lestement dans nos tiroirs intellectuels. Au départ, donc, Rousseau s’insurge avec un excès schématique contre la société :


« L'homme civil naît, vit et meurt dans l'esclavage : à sa naissance on le coud dans un maillot ; à sa mort on le cloue dans une bière ; tant qu'il garde la figure humaine, il est enchaîné par nos institutions » (Rousseau, L’Emile)


« Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme» (Rousseau, L’Emile)


Ce parti pris a sa raison d’être, en tant que critique des mécanismes d’aliénation sociale qui pullulent en son temps (et de nos jours encore, pardi !). Rappelons que Rousseau est un foutu philosophe : il s’insurge contre les évidences un peu trop admises. Dès lors, sa démarche semble fertile et ne doit pas nous effaroucher.


Ses pointes concernent aussi ceux que l’on appellerait aujourd’hui les bobos tiers-mondistes :


« Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins. » (L’Emile)


Tout un programme… à toi, cher lecteur, de poursuivre plus avant et de découvrir l’œuvre baroque et stimulante de ce bougre de Rousseau.