Sociopathe, psychopathe. Littérature et maladies mentales

Article publié le 17/05/2018

Qu’est-ce qu’un sociopathe ? Dans l’inconscient collectif, ce terme semble absorbé par l’imaginaire qui entoure la figure du psychopathe. L’assonance des deux mots joue ici à plein, et notre littérature regorge de personnages dont le comportement relève de leur mutuelle influence. Ainsi, dans les romans et les films, le sociopathe et le psychopathe semblent souvent, sinon se recouvrir totalement, du moins se fondre en une catégorie bifide.


Le romancier est attiré par les profils déviant de la norme, car ils offrent un formidable terrain de liberté créatrice : à l’inverse, décrire ce qui fait fond commun en nous tous, l’une des véritables tâches de la littérature, peut apparaître redoutable… il s’agit en effet d’observer l’homme avec la méthode intimidante du scientifique, celle du naturalisme, et de coucher sur le papier les résultats d’une analyse. 


L’on comprend donc, dès lors, l’aubaine que peut constituer le déviant mental pour le romancier peu sûr. Bien entendu, l’observation littéraire du registre est passionnante ; nous remarquons simplement qu’une part des œuvres consacrées aux figures du sociopathe et du psychopathe relève d’une excitation un peu grossière... pour le "gros rouge qui tache".

 


Identité du sociopathe


Comment définir un sociopathe ? En quoi se différencie-t-il du psychopathe ? 


Le sociopathe est assez précisément décrit par l’Institut Charles Rojzman :


« La sociopathie se manifeste par de l’individualisme et une sorte d’indifférence aux autres. Le renforcement de la compétition, l’évolution technologique et économique du monde contemporain, l’importance de réussir coûte que coûte induit des messages qui ont un impact terrible sur des personnes qui sont dans un état de fragilité sociale et parfois identitaire, en exacerbant l’individualisme et l’égoïsme social qui deviennent la seule manière de ne pas échouer.
Si la sociopathie a pour caractéristique de renforcer l’individualisme et d’isoler les gens, de les dresser les uns contre les autres, cela n’empêche pas qu’elle s’exprime collectivement par des climats, des environnements ou des normes fondées sur l’égoïsme et l’individualisme, l’élevant au rang de valeur et privilégiant l’hyper-compétitivité, la réussite individuelle ou encore le culte de la personnalité. »


Selon le psychologue Jérôme Vermeulen, « le psychopathe ressent peu voire aucune culpabilité ou empathie. Il est très incapable de concevoir qu'il ait pu faire du mal, et cela ne le préoccupe guère d'ailleurs. Il s'agit, d'après certains auteurs, d'un véritable handicap émotionnel. Pris la main dans le sac ou attrapé après des faits graves, le psychopathe tentera de se dégager de la situation en se justifiant, en niant, parfois même devant l'évidence. »


Quelle différence structurelle avec le sociopathe ? Une réponse est souvent avancée :


« Nous parlons d’une altération de la conduite provoquée par une lésion cérébrale ou d’un traumatisme dans l’enfance pour les sociopathes, et d’un type de personnalité produit par la génétique de l’individu dans le cas des psychopathes. » (nospensees.fr)


Au fond, la littérature est peut-être plus apte que les autres disciplines à explorer l’ambiguïté du rapport psychopathe/sociopathe. Au-delà des grandes figures traditionnelles – Hannibal Lecter, Patrick Bateman (American psycho) – un nouveau personnage-type manque à l’appel. Avis aux romanciers audacieux !