Théologie coréenne - L'enseignement du catholique Kim Jeong Hun
Article publié le 11/09/2022
Un jeune diacre coréen est mort lors d'un accident d'alpinisme en Europe, en 1977. Ce jeune homme de 30 ans s'appelait Kim Jeong Hun, et il s'apprêtait à devenir prêtre. Le journal qu'il nous a légué est celui d'un grand théologien.
Kim Jeong Hun était un jeune catholique coréen assoiffé de vérité. Très exigeant envers lui-même, il refusait de se laisser porter comme le font beaucoup de jeunes séminaristes occidentaux, par une sorte de légèreté coupable. Ce qui l'animait, c'était une recherche perpétuelle de réponses à ses question métaphysiques, mais aussi existentielles.
Initialement très attaché théologiquement à Karl Rahner, il s'en détourna quelque peu à la fin de sa vie. Il était aussi impressionné par le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer, ou encore par Jacques et Raïssa Maritain. Au sein de son précieux journal, "La montagne, le vent, Dieu et moi", il se pose des questions complexes sur la femme, le manque de force spirituelle, ou encore sur ce qui fait un vrai prêtre. Parfois, ses réflexions touchent aux différences qui peuvent exister entre la mentalité occidentale et celle des Orientaux.
La théologie coréenne, aujourd'hui, ne peut faire l'impasse sur l'apport théorique de ce jeune homme exceptionnel.
Quelques enseignements théologiques de Kim Jeong Hun
“Si la question est celle de l’existence de Dieu, les bouddhistes n’ont rien à en dire. Cela est sûr et certain. Cette question, toutefois, est énorme au point de s’étendre à l’infini de telle sorte qu’on ne la rejoint jamais par une marche solitaire” (Kim Jeong Hun, Journal, 25 août 1972)
“L’homme = 80% d’animal et 20% d’esprit” (Kim Jeong Hun, Journal, 19 juillet 1975)
“Je pense que la théologie ne se détourne pas de ce que l’homme est par lui-même, lumineux et obscur à la fois” (Kim Jeong Hun, Journal, 10 janvier 1973)
“Le scepticisme est nécessaire comme méthodologie. Mais je regrette qu’il ne soit pas pur” (Kim Jeong Hun, Journal, 23 septembre 1973)
“Ce qui est vraiment essentiel dans l’homme est identique en Occident et en Orient” (Kim Jeong Hun, Journal, 17 janvier 1974)
“La marche vers vous [Dieu] doit être laborieuse, pénible, et se faire sans jamais lâcher la corde” (Kim Jeong Hun, Journal, 13 mai 1974)
“L’enseignement de Jésus est la meilleure leçon d’épanouissement de l’humanité” (Kim Jeong Hun, Journal, 15 décembre 1974)
“Seul est authentique ce qui vient du fond de la solitude lorsqu’elle est allée au bout d’elle-même. Là, en effet, est la source de toute création” (Kim Jeong Hun, Journal, 16 juin 1975)
Il remarque que si le prêtre renonce au mariage, ceux qui se marient renoncent de leur côté à la prêtrise. Sous-entendu possible : cela est peut-être plus cruel encore.
Un miracle, c’est sentir que l’on peut aimer les autres.
Pierre-André Bizien
Informations sur la Corée à Paris : Centre Culturel Coréen